Serge Grouard et les violences de l’extrême-droite orléanaise : la mémoire qui flanche.

Non à la nouvelle conférence organisée le 7 février par « France souveraineté » à la médiathèque d’Orléans !
Il y a quelques jours, c’est au cri de « mort aux Juifs » qu’une personne s’est faite violemment agressée par quatre individus, dans la rue de Bourgogne à Orléans, devant le bar Le Bocal qui accueillait, ce soir-là, la crème de l’ultra-droite orléanaise pour une soirée organisée par le Chœur de l’oriflamme.
Nous ne sommes pas amnésiques. Le 8 mai 2021, les nervis d’ultra-droite, à l’origine de la violente expédition punitive contre les occupants du théâtre d’Orléans, s’étaient rendus le jour même à un rassemblement en l’honneur de Jeanne d’Arc, organisé par François Moury et en présence du Chœur de l’oriflamme, venu avec ses tambours aux emblèmes nazis (voir photo). A ce rassemblement, G. Pichonnat, arborant fièrement son tatouage de croix gammée, est interpellé par la police.

Photo du choeur de l’oriflamme et de son tambour le 8 mai 2021

Nous ne sommes pas amnésiques. En Août 2022, un jeune syndicaliste est agressé et menacé de mort en pleine Rue de Bourgogne par ce même G. Pichonnat. Pichonnat et Moury qui poseront côte à côte quelques semaines plus tard, lors de l’odieuse récupération du meurtre de la jeune Lola par l’extrême-droite orléanaise (voir photo)

François Moury organisateur de conférence antisémite et Gaëtan Pichonnat néonazi violent côte côte lors d’une récupération raciste du meurtre de Lola.

Nous ne sommes pas amnésiques. Fin septembre 2022, François Moury et son association « France souveraineté » organisaient la venue de Pierre Hillard à la médiathèque d’Orléans, pour y propager ses thèses antisémites autour d’un complot juif mondial. La promotion de cette conférence avait même été faite par le site internet de la métropole d’Orléans. Face au tollé médiatique et à la mobilisation des orléanais, Serge Grouard avait interdit cette conférence à la médiathèque, déclarant dans son communiqué de presse: « si cette conférence avait eu lieu, je serais moi-même allé manifester » (voir photo). La conférence a pourtant été accueillie par le restaurant La Taverne. Ce soir-là, personne n’a vu Serge Grouard manifester devant le restaurant…

Le comuniqué de presse de la mairie d’Orléans ou Serge Grouard promettrait de manifester contre la conférence si elle avait lieu.

Serge Grouard est amnésique : le 7 février prochain, l’association « France souveraineté », avec l’appui de la mairie d’Orléans, souhaite faire venir Guillaume Bigot à la médiathèque d’Orléans (voir photo). Guillaume Bigot est un polémiste d’extrême-droite, habitué des plateaux de Cnews ou de Sud Radio et s’était illustré par ses propos sexistes, il y a quelques mois, en qualifiant l’écologiste Sandrine Rousseau de « Greta Thunberg ménopausée ».

Le visuel d’annonce de la nouvelle conférence de France Souveraineté à la médiathèque.

Nous invitons donc tous les orléanais soucieux de leur sécurité face aux violences de l’extrême-droite locale, et inquiets de la propagation de ses idées racistes et antisémites, à se mobiliser contre la tenue de cette nouvelle conférence dans leur médiathèque.
Nous invitons particulièrement Serge Grouard à retrouver la mémoire en tenant sa parole : qu’il soit présent devant la médiathèque d’Orléans le mardi 7 février pour manifester  » [lui]-même » contre cette conférence.

Instrumentalisation raciste d’un infanticide par l’extrême droite

Orléans n’aura pas échappé à la vague de rassemblements sordides initiés par différents partis et groupuscules d’extrême droite suite au meurtre de Lola.

Dès ce matin 10h le parti « Reconquête » était présent place de la République muni de pancartes destinées à promouvoir le néologisme de « francocide ». Ce terme de propagande a été répandu sur les plateaux télé par Éric Zemmour afin de s’approprier politiquement le meurtre de cette petite fille.

Mail de Reconquête appelant au rassemblement.

Au mépris total de sa mémoire et de l’endeuillement de sa famille, d’ailleurs opposée publiquement à la récupération, les militant.es de reconquête avaient donc pour seul objectif de persévérer dans cette obscénité.

Les vieux fachos de reconquête et leurs pancartes « Francocide »

Seule semble compter pour eux la diffusion de leur idéologie raciste.
Cette scène s’est prolongée plus tard dans l’après-midi à 14h, toujours place de la République.
L’appel de ce second événement avait été lancé sur twitter et instagram par un « nouveau » groupe : « les héritiers 45 ».

La page instagram du groupe « les héritiers »

Derrière ce compte créé à l’occasion du drame se cachaient en réalité la « Cocarde Étudiantes Orléans » et « l’Action Française Orléans » qui avaient sans doute pour volonté de dissimuler la dimension fondamentalement politique et réactionnaire du rassemblement.

Collage raciste en collaboration cocarde étudiante / action française

Cependant face à la difficulté de partager l’appel, les fachos locaux se sont finalement rabattus sur leurs moyens de communication habituels au nom de leurs collectifs respectifs.
Au final le rassemblement « pour Lola » aura bien été tenu à leur initiative.

Visuel instagram diffusé par l’Action Française d’Orléans

Cette mobilisation a réuni quelque 50 personnes, la plupart bien connues pour être rattachées à l’extrême droite.
Le chœur de l’oriflamme est venu pousser la chansonnette.
L’association France Souveraineté représentée par François MOURY qui avait récemment suscité la polémique en invitant Pierre HILLARD conférencier antisémite.

Le rassemblement à réuni une cinquantaine de personnes, à gauche François Moury et Gaëtan Pichonnat bien connus localement

Le collectif complotiste antivax Ysambre était également présent, levant ainsi aux yeux de tous une quelconque ambiguïté sur leur soi disant caractère « apartisan » ou « apolitique »
Si jamais certain.es en doutaient encore…

L’appel était relayé sur le groupe télégram des antivax locaux

Nos pensées vont à Lola, une enfant instrumentalisée au profit de la récupération la plus ignoble.

La conférence antisémite finalement accueillie par « La Taverne »

Après avoir été annulée par la ville d’Orléans puis par l’évêché et enfin, une troisième fois, par le restaurant « La chancellerie », la conférence antisémite de Pierre Hillard (qui qualifie les juifs « d’ennemis de l’humanité »), a finalement pu se tenir ce mardi 27 septembre en catimini à la brasserie « La Taverne » place de Loire à Orléans.
Le restaurant a été informé le soir même, par des journalistes et des membres du collectif antifasciste du caractère antisémite de l’événement qui avait lieu dans sa salle du premier étage. Niant d’abord accueillir la conférence ils ont fini par reconnaître les faits mais ont refusé de mettre fin à cette réunion antisémite.
Du côté des spectateurs de la conférence, l’association France souveraineté, présidée par François Moury n’aura pu réunir qu’une soixantaine de personnes, parmi lesquelles des néo-nazis bien connus localement, des membres de la cocarde étudiante et de l’Action Française et surtout beaucoup de personnes âgées.
Nous prenons acte du fait que le bar et restaurant « la taverne » favorise la diffusion d’idées fascistes et racistes sur Orléans. Nous appelons en ce sens l’ensemble des Orléanais.es à diffuser cette information et à éviter la fréquentation de cet établissement.
Nous remercions toutes les personnes qui se sont mobilisées pour faire pression afin de faire annuler par 3 fois cet évènement. Par notre mobilisation collective nous les avons obligés à se retrancher peu nombreux dans un lieu privé.
Nous regrettons que Serge Grouard ne soit pas venu manifester comme promis devant la conférence alors même que la préfecture avait l’air d’avoir été bien informée. Il y avait en effet plusieurs voitures de polices aux abords de l’établissement (pour protéger les antisémites ?).
 
⬇️ Liens articles de presse ⬇️

Communiqué de presse : La mairie d’Orléans fait-elle la promotion des théories complotistes et de l’intégrisme religieux ?

Le mardi 27 septembre se déroulera à la Médiathèque d’Orléans une conférence de
Pierre Hillard pour présenter et dédicacer son livre Des origines du mondialisme à la
grande réinitialisation (annexe 1). Sous ses atours d’universitaire sérieux, Pierre
Hillard a basculé depuis de nombreuses années dans le complotisme. Il prophétise
des génocides de masse préparés par les « élites » ainsi que des projets mondialistes
occultes que seul un retour à la foi catholique pourrait contrer. Dans un précédent
ouvrage intitulé Sionisme et mondialisme, Hillard révèle un complot juif international.
En 2018, il fut témoin d’Alain Soral lors de son procès pour incitation à la haine raciale
suite à des propos et des caricatures antisémites.
Sans surprise, l’association orléanaise France Souveraineté présidé par François
Moury est l’organisatrice de cette soirée complotiste aux relents antisémites. Cette
association s’était déjà illustrée en invitant une fervente défenseure de Poutine en
2019 à la Médiathèque (annexe 2).
Quant à François Moury, rappelons qu’il avait organisé la manifestation du 8 mai
2021 à Orléans rassemblant un ex-militant du Renouveau français arborant une croix
gammée (Gaétan Pichonnat) et l’attaquant présumé (jugement en appel) du théâtre
d’Orléans le soir-même (Baudoin Le Nalio). François Moury, ne cache pas non plus
son admiration pour une figure de la fachosphère, Matthieu Raffray, un abbé intégriste
appelant à la croisade armée pour lutter contre le « grand remplacement » (annexe 3).
Ajoutons que François Moury n’est autre qu’un des fondateurs du Choeur de
l’oriflamme, ce groupe folklorique exclusivement masculin qui reprend à travers une
esthétique nazie, les tambours des jeunesses hitlériennes ainsi que des chants à la
gloire des monarchies passées et d’un catholicisme hégémonique (annexe 4).
Nous appelons les Orléanais à refuser que leur Médiathèque soit mise à
disposition d’un tel agglomérat de complotistes à tendance intégriste venus
propager leur thèses antisémites.
Usagers et employés de la Médiathèque n’ont pas à subir cette propagande
antisémite cautionnée par la mairie. Nous demandons à la mairie d’Orléans
qu’elle fournisse à ses administrés des explications quant à son obstination à
vouloir maintenir cet évènement.

Le collectif antifasciste d’Orléans

 


Annexes

La reconquête n’a pas eu lieu à Orléans

– Orléans reste antifasciste

Le rassemblement de Reconquête, le parti de Zemmour, annoncé par les médias devant la cathédrale a été empêché par le rassemblement unitaire antifasciste qui aura réuni 150 personnes dans un délai très court !
Des collectifs féministes, des syndicats et organisations politiques et étudiantes se sont réunies pour dire stop aux idées fascistes de Zemmour.

– Une répression policière contre les antifascistes

Lors du tractage unitaire pour annoncer le rassemblement autorisé par la préfecture, des camarades ont subi des contrôles d’identités alors que d’autres groupes politiques qui n’appelaient pas à ce rassemblement n’ont pas eu à subir l’intimidation policière lors de leur diffusion de tracts.
Puis, pendant le rassemblement la police a contrôlé plusieurs jeunes qui étaient venus manifester pacifiquement face aux idées fascistes. Tandis que de leur côté, les nervis de l’Action Française pouvaient se promener tranquillement dans Orléans cagoulés et armés de matraques télescopiques...Ainsi que nous l’ont rapporté deux jeunes victimes d’une agression raciste : un groupe de 12 hommes les ont insultés et ont poussé des cris de singes !

– Des provocations fascistes vite éclipsées

Ce même groupe de fascistes de l’Action Française était venu provoquer et se prendre en photo aux abords du rassemblement. Heureusement la réaction collective a permis de les chasser rapidement ! Il en fut de même pour quelques sympathisants royalistes et complotistes Qanon, antisémites et antivax.
A la fin du rassemblement des jeunes Zemmouroïdes ont aussi tenté de venir provoquer devant la cathédrale mais les antifascistes resté.es sur place ont fait bloc et ne les ont pas laissés passer, leur rappelant que la rue n’était pas à eux.

– Un triste meeting en Sologne

Finalement la tentative de « reconquête » du Loiret n’aura duré que quelques heures puisque les fascistes ont ensuite quitté le département et fui vers la Sologne. En effet à 18h les 200 Zemmouroïdes se sont rassemblés à Salbris (41), à l’invitation du maire Alexandre Avril, proche de Guillaume Peltier, porte parole de Zemmour. Des militant.e.s antifascistes du Loiret et du Loir-et-Cher étaient présent.e.s pour montrer qu’ils ne sont acceptés ni à Orléans, ni ailleurs !

– Unité de notre classe

Face à la montée des idées d’extrême droite, permises notamment grâce au milliardaire Bolloré propriétaire de nombreux médias (CNEWS, C8, Europe 1, Virgin Radio entre autres), il nous reste l’unité de notre classe sociale ! En effet, comme on l’a vu hier, lorsque nous faisons bloc ensemble contre les bourgeois et les fascistes du parti de Zemmour ils ne se sentent plus aussi à l’aise que sur les plateaux de leur ami Bolloré.

Nous avons reçu beaucoup de soutiens lors des tractages ainsi que pendant le rassemblement de la part de nombreux.ses Orléannais.e.s. Cela montre qu’Orléans reste antifasciste !

La reconquête à été annulée

Cordon sanitaire unitaire contre les complotistes

Félicitations à l’ensemble du mouvement social orléanais pour avoir mis en acte la décision de l’intersyndicale vis à vis du collectif conspirationniste  » le citoyen, la citoyenne  » représenté par l’association professionnelle Ysambre lors de la manifestation interprofessionnel du jeudi 27 Janvier à Orléans.

Cliquer ici pour voir le tweet d’un journaliste local à ce sujet

Refusons l’instrumentalisation de nos luttes par les groupes antivax et covido sceptiques!

Face au gouvernement français qui fait actuellement la promotion de nouvelles mesures destinées à « laisser circuler le virus », le mouvement de grève initié dans le milieu enseignant revendique à juste titre des mesures efficaces de protection contre l’épidémie de covid 19 au sein de ses lieux de travail.
Alors que cette épidémie occasionne actuellement plus de 200 morts par jour, un nombre croissant d’hospitalisations et 3800 personnes en réanimation, alors que les cas de covids longs se multiplient (impliquant des séquelles graves dues à la maladie également chez des enfants), il est inacceptable que des groupes antivax puissent essayer de diffuser des discours visant à minimiser l’épidémie ou à désinformer quant aux moyens de protections et de soins dont nous disposons actuellement.
Ces groupes utilisent les mêmes ressorts idéologiques que le gouvernement français en tentant de réduire les problèmes posés par l’épidémie à une question de choix et donc de responsabilité individuelle, empêchant par là que puisse se poser la question d’une véritable solidarité collective.
Nous l’avons documenté avec d’autres à plusieurs reprises : ce n’est pas un hasard si leurs mots d’ordre sont tout à la fois initiés, repris et revendiqués par des groupes fascistes et d’extrême droite.
Nous nous devons de refuser toute complaisance vis-à-vis de ces groupes comme des politiques menées par les gouvernements qui ne considèrent nos vies et celles de nos proches qu’à l’aune de logiques d’exploitation capitaliste.

Les complotistes orléanais souhaitent se joindre à la manifestation interprofessionnelle

Jeudi prochain lors de la mobilisation interprofessionnelle prévue sur Orléans, refusons la demande de participation officielle du groupe confusionniste représenté par l’association « Ysambre » à travers leur collectif « le citoyen et la citoyenne ».
Dans leurs manifestations, des tracts multipliant les références antisémites voire renvoyant directement les personnes à aller se « réinformer » sur des sites négationnistes sont diffusés (voir image ci dessous).

Ce tract distribué lors de la manifestaion antivax renvoi directement vers le site d’Alain Soral un antisémite et négationniste

Un service d’ordre y est même organisé à coté de drapeaux ouvertement royalistes ou de mises en scène d’assassinats d’adultes et d’enfants par les vaccins contre le covid (voir vidéo de la dernière manifestation).
Il est temps de nous donner les moyens de construire une lutte véritablement émancipatrice qui soit sans ambiguïté quant à la dangerosité de l’épidémie et quant à nos objectifs antifascistes et solidaires.

Toutes les manifs « antipass » se ressemblent…

De passage à Tours ce weekend, la manif locale antivax accueillait en guest star ni plus ni moins qu’Alexandre Juving Brunet un ancien capitaine de gendarmerie venu de Toulon en lien direct avec l’extrême droite évidemment, ultra nationaliste et identitaire.

La démagogie du bonhomme n’a pas de limite.
Il a commercialisé pendant le début de l’épidémie de covid une ligne de produits type purificateurs d’air alors qu’aujourd’hui il dénonce un complot et fait partie des négationnistes de l’épidémie….

https://www.laboratoires-juving-brunet.fr/

Résumons donc un nationaliste, souverainiste, d’extrême droite et négationniste de l’épidémie fait donc fabriquer des purificateurs d’air en Chine… pour lutter contre une épidémie qui selon lui n’existe pas…
La manipulation totale.

Les fafs Tourangeaux, « Des Tours et des Lys » ouvraient la marche du cortège nationaliste avec une banderole … À gerber.

Les fachos du groupuscule « Des Tours et des Lys » ouvrent la marche

L’antenne locale Reinfocovid était également présente pour tracter et désinformer.

Les habituelles pancartes complotistes décorent le cortège et ses manifestant.es

Mettons fin à ces manifestations de la honte à Orléans et partout ailleurs.
L’extrême droite n’a pas sa place dans la rue ni dans nos luttes !

Une écologie réactionnaire comme point d’ancrage aux manifs antivax/antipass?

Comme d’autres thèmes politiques, l’écologie n’échappe pas à une réappropriation par les forces d’extrême droite.
Nous faisons l’hypothèse qu’une écologie réactionnaire parvient aujourd’hui lors des manifs antipass et antivax du samedi à réunir des groupes en apparence assez hétérogènes voire opposés, tels que les écologistes de gauche Colibris, jusqu’à l’Action Française en passant par Réinfo Covid.

Ce courant de pensée agit comme un dénominateur commun à la présence de ces groupes.
Les différentes idéologies qu’il charrie participent toutes au renforcement actuel de l’extrême droite.
Elles se diffusent de manière assez insidieuse en reprenant des thèmes et des mots de la gauche, mais en y inscrivant des signifiants réactionnaires.

Ainsi des idées racistes, essentialistes, conservatrices, autoritaires peuvent s’imposer dans les discours sous des apparences progressistes légitimes.
L’extrême droite détourne des mots classiquement mobilisés par la gauche et entretient, plus ou moins consciemment, des imprécisions et des ambiguïtés à leur sujet.


« Le local »

Il s’agit d’un thème écologiste qu’on rencontre très fréquemment.

Pour l’extrême droite, la localité renvoie principalement à la notion de nationalisme.

Cette notion est beaucoup mobilisée par des groupes comme l’Action Française. Chez eux elle se définit dans une approche fascisante avec Maurras et Pétain.

De manière plus générale, la consommation de produits locaux est encouragée pour assurer un protectionnisme économique et culturel.

Elle permet de préserver une tradition régionale ou française fantasmée.


« Le Peuple, Apolitiques et Citoyens »

Les thèmes de l’apolitisme et de la citoyenneté connaissent beaucoup de succès notamment depuis les révoltes des gilets jaunes. Ils ont tout à la fois été critiqués et mis en avant au cours de leur mouvement.

On les voit aujourd’hui ressurgir chez des groupes confusionnistes tels que Réinfo Covid. Ils sont aussi décrits dans les corpus idéologiques de « l’écologie intégrale » (qui est une branche de l’écologie réactionnaire).
Sur Orléans un groupe rassemble actuellement la majorité des manifestants antipass sous une bannière qui utilise l’ensemble de ces termes.

« L’apolitisme » est surtout utilisé pour imposer l’union obligatoire avec toutes les forces même les plus réactionnaires, sous l’argument de « nous sommes tous.tes des citoyenn.es » ou « nous sommes tous.tes des humain.es » et « peu importe la politique».

Il est étroitement lié à l’injonction de « ne pas diviser ».

Ces thèmes s’appuient sur une définition approximative et fantasmée du « peuple » qui est abordé comme un agglomérat d’individus dont les intérêts seraient homogènes (sans clivages sociaux de classes, de genres ou de races par exemple). Dans cette perspective le peuple serait nécessairement et même « naturellement » unifié.

Ce champ lexical autour de l’apolitisme permet aux groupes qui l’utilisent de ne jamais définir clairement leurs positions politiques et ce qu’elles impliquent concrètement. Il est donc l’objet d’une réappropriation par plusieurs groupes d’extrême droite dans le cadre de leur stratégie confusionniste.

Par exemple l’utilisation dans les manifs anti pass de symboles tels que l’étoile jaune, les références aux personnes malades du sida, à l’apartheid, au viol…etc permettent de brouiller les repères politiques et historiques liés à tous ces phénomènes et événements. L’extrême droite procède depuis longtemps à des retournements et à des falsifications historiques qui l’aident à construire des récits mensongers où les rôles sont souvent inversés.

Si les références au nazisme et aux juifs sont sans doute parmi les plus fréquemment exposées cela n’a rien d’accidentel. Elles alimentent un antisémitisme qui est un point central pour un grand nombre de ces courants politiques.


« Le petit… producteur, petit patron »

Les groupes d’extrême droite choisissent souvent cet angle pour critiquer faussement le capitalisme.

Il y a ici une focalisation sur la taille de l’entreprise (l’entreprise est en fait associée au patron) qui permet de mettre au second plan, voire d’effacer les principes fondamentaux du système capitaliste.

L’extrême droite ne parle pas d’exploitation capitaliste, de propriété lucrative ou de hiérarchie patron/employé. Elle préfère utiliser une approche morale où les petits seraient du côté du « bien » et les gros du côté du « mal ».

On sait pourtant qu’un patron, même petit, tire profit de la force de travail de ses employés, détient un pouvoir supplémentaire lié à son statut, possède (au moins une partie) des moyens de productions.

Le camp réactionnaire n’a en réalité aucun intérêt à porter une véritable critique du capitalisme notamment parce qu’il ne souhaite pas son abolition mais aussi parce qu’il ne peut pas mettre en cause la petite bourgeoisie (les petits patrons) qui constitue une grande partie de son électorat potentiel.

Cette opposition de principe « gros/petit » n’est pas spécifique à l’extrême droite. Elle est aussi mobilisée par des partis de gauche dans une approche anti-néolibérale (qui n’est pas non plus anticapitaliste).

Nous allons voir que l’extrême droite utilise de manière vraiment caractéristique ce cadre moral pour avancer des idées nationalistes et antisémites.


« Les élites, la finance, la mondialisation »

Tous ces termes sont au croisement de plusieurs questions déjà abordées (la localité, les « petits, l’antisémitisme) ce qui explique qu’on les rencontre très fréquemment dans les discours d’extrême droite.

Quand elle mobilise ces mots, l’extrême droite parle en réalité de beaucoup de choses à la fois.
Ils ont pour elle un double intérêt stratégique : ils appartiennent aussi au lexique de la gauche ce qui lui permet d’entretenir des confusions à leur sujet.

Dans l’ensemble, on retrouve la critique mensongère et faussée du capitalisme décrite plus haut.
Toujours dans une approche essentiellement morale, ici c’est l’élite qui est opposée au peuple, comme les 1% face aux 99%.

L’extrême droite se focalise très souvent sur des figures spécifiques, parmi lesquelles beaucoup de figures juives, « franc maçonnes » qui détiendraient le pouvoir de « la finance ». On retrouve ici le lexique traditionnel de l’antisémitisme où les juifs sont associés à un complot mondialement organisé. Le slogan « QUI ? » dans les manifs antipass en est une de ses illustrations les plus récentes.

La critique plus globale du « système » s’appuie sur la notion de « mondialisation ».

Pour l’extrême droite, la mondialisation menacerait la nation. Elle oppose en quelque sorte les deux termes.
La mondialisation est jugée dangereuse pour l’intégrité culturelle, identitaire, ethnique et économique de la France.

Elle sert de justification à l’existence et au renforcement toujours plus impérieux des frontières.


« Si c’est naturel, c’est bien »

La mise en place d’une hiérarchie de principe entre ce qui est naturel et ce qui est « artificiel » est un des éléments les plus importants de l’écologie d’extrême droite.

Dans l’écologie intégrale la nature est souvent sacralisée. Elle est aussi appréhendée comme une entité à conserver, à maintenir dans un état originel fantasmé.

Les approches centrées sur le naturel rencontrent aujourd’hui un succès très important malgré toutes les impasses évidentes qu’elles peuvent susciter.

Par exemple même si l’arsenic et le cyanure sont naturels ils ne sont pas pour autant bons pour notre vie. Si le viol ou le « meurtre » à l’intérieur d’une espèce existent dans la nature, ce n’est pas une justification à ce qu’on les accepte, ou même à ce qu’on les défende dans notre vie sociale.

Nous allons voir que l’écologie d’extrême droite profite de cet engouement pour « la nature » et développe à partir d’elle tout un ensemble de positions politiques conservatrices.


« C’est normal, la nature l’a voulu ainsi »

La première concerne l’imposition de normes sociales « traditionnelles ».

L’extrême droite utilise un procédé de naturalisation de certaines pratiques sociales pour les rendre normales, obligatoires ou indépassables.

Par exemple la sexualité humaine est systématiquement renvoyée à sa fonction dite « naturelle » (c’est à dire essentiellement dirigée vers la procréation) ; les questions de genres (masculin/féminin) tentent d’être fondées sur des données biologiques qui les détermineraient intégralement (« les femmes » sont en règle générale réduites à leurs fonctions reproductrices).

Cette approche permet d’établir des hiérarchies entre ce qui serait « plus naturel » donc « plus normal » et ce qui serait « moins naturel » donc « moins normal ».

Beaucoup de techniques et de pratiques sont mieux disqualifiées en étant associées au « transhumanisme ». Il s’agit d’un épouvantail assez classique des groupes complotistes et écologistes de droite actuellement.

L’écologie réactionnaire s’oppose par exemple, de manière assez consensuelle, à la PMA, à la GPA, au mariage homosexuel ou au droit à l’avortement qui sont associées à des institutions déviantes et éloignées de notre « vraie nature » (cf Pierre Rabhi, Louis Fouché).

La naturalisation est en fait une stratégie de dépolitisation.
Elle essaie de nier le plus possible la dimension sociale (donc potentiellement politique) d’un ensemble de pratiques et d’institutions humaines et plus particulièrement de celles qui sont liées au genre ou à la sexualité.

Comme pour la nature, ces pratiques prennent un caractère tout à la fois sacré et inaccessible et ne peuvent, dès lors, plus être discutées ou transformées.
Nous voyons que l’objectif politique est ici foncièrement conservateur.


« Développez vos propres défenses naturelles et évitez les vaccins, les produits « chimiques »»

Ce mantra a été rendu particulièrement célèbre par les mobilisations antipass sanitaires et anti vaccination. Il fait écho à plusieurs idéologies développées dans l’écologie intégrale.

On retrouve tout le champ du développement personnel qui est adossé à la notion de mérite.

Les individus sont appelés à agir le plus naturellement possible sur leur corps dont ils seraient intégralement responsables (par des exercices physiques, spirituels, ou par l’alimentation).
Les questions de contexte et de normes sociales qui sont pourtant déterminantes pour notre santé ne sont généralement pas prises en compte (notamment l’influence de la production sur la consommation, les inégalités sociales dans l’accès aux soins, à la santé et à l’alimentation).

Il y a aussi l’idée du corps comme création divine liée à la nature sur laquelle il serait dangereux d’intervenir.
On retrouve ici la position des chrétiens bioconservateurs décrite plus haut où le corps « naturel » est sacralisé. Nous avons vu qu’elle justifiait leur opposition à la PMA, à la GPA, ou à la contraception (qui sont jugées comme des techniques et pratiques sociales « contre nature »).

Ces approches idéologiques peuvent êtres mêlées à une sorte de darwinisme ou de loi de « sélection naturelle » dans laquelle ce sont les corps les plus forts, les mieux entretenus par des moyens dits « naturels » qui mériteraient de survivre.

Avec le covid 19, l’extrême droite trouve donc un terrain favorable pour se développer.

Son approche de l’écologie permet d’exacerber des inquiétudes souvent compréhensibles et légitimes puis d’apporter des arguments et des schémas de pensée pour les étayer.

Avec elle, dans le contexte d’une pandémie mortelle, la vaccination peut tout à la fois être associée à du « transhumanisme », à une « menace de la mondialisation » pour ensuite être renvoyée à une question de choix purement individuel.

Les individus revendiquent ainsi une « liberté » où ils seraient seuls responsables, seuls décideurs d’une question qui implique pourtant la collectivité dans son ensemble. Cette revendication a d’autant plus de force qu’elle s’appuie sur un système de valeurs où le naturel est sacralisé et où tout « en dehors » aux frontières nationales (d’où provient le vaccin) apparaît menaçant.

Nous voyons que la dualité nationalisme/mondialisation est là encore utilisée de manière centrale, pour donner un cadre moral au débat politique.


CONCLUSION

Nous avons essayé de synthétiser les positions propres à l’écologie réactionnaire en présentant les arguments les plus ambigus et les lignes politiques les plus fréquemment diffusées actuellement.

Cette liste n’est pas exhaustive. Elle a pour but de clarifier les différences entre un discours anticapitaliste et écologique de gauche et un discours marqué à droite.

Nous voyons que l’extrême droite progresse actuellement en brouillant les repères politiques, en donnant à des mots en apparence assez anodins ou même en apparence marqués à gauche des signifiants réactionnaires.
Grâce à cette stratégie que nous qualifions de « confusionniste » elle parvient aujourd’hui à réunir un grand nombre de personnes et de groupes, à imposer ses mots d’ordre et tout un champ lexical, aussi à diffuser insidieusement ses idéologies.

Il existe bien sûr, comme dans tout champ politique, des clivages internes et des effets d’échelle.
Tous les groupes, toutes les idéologies ne peuvent pas être mises au même niveau de radicalité.

Par exemple, les objectifs fascistes sont centraux et assez explicitement affichés chez l’Action Française quand ils sont beaucoup moins mis en avant dans la branche Reinfo Covid (qui insistent plus de leur côté sur les notions d’apolitisme ou de citoyenneté).

Il n’y a pas non plus d’homogénéité parfaite à l’intérieur du champ : certaines positions politiques peuvent parfois se contredire entre elles.
C’est notamment le cas pour la revendication de liberté.
Quand des personnes affiliées à Réinfocovid ou aux colibris chantent la liberté individuelle, les groupes royalistes les plus radicaux font plutôt référence à la liberté de la nation (face à laquelle la liberté des individus a en réalité peu de valeur).

Les clivages n’empêchent pas l’union de toutes ces forces.
Ce n’est d’ailleurs pas anodin qu’elles aient fait de l’injonction à « ne pas diviser » un mot d’ordre essentiel et incontournable au sein des mobilisations actuelles.

Il est très important pour nous de ne pas rester impuissants face à l’extrême droite et à toutes les formes qu’elle peut prendre aujourd’hui. Plus particulièrement quand elle s’empare de sujets comme l’écologie qui étendent beaucoup ses moyens d’action.

Cela peut passer par une éducation collective aux mots, symboles et stratégies qu’elle utilise : pour apprendre à les repérer, comprendre leurs origines et pour ne pas alimenter « malgré nous » leur diffusion.


Références : https://www.liberation.fr/debats/2019/05/05/les-droites-dures-s-enracinent-dans-l-ecologie-integrale_1725128/
https://www.liberation.fr/france/2020/05/19/le-localisme-est-une-maniere-de-s-adapter-a-la-demande-electorale_1788879/
https://lahorde.samizdat.net/Qui-sont-les-animateurs-de-Reinfocovid
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/04/ecologie-integrale-ecofascisme-une-histoire-des-ecologies-identitaires_6014144_3232.html
https://revue.alarmer.org/le-discours-victimaire-de-lextreme-droite-en-france-depuis-1945/

Un nazi s’engage contre l’autoritarisme sanitaire

Cette semaine la manif antivax aura franchi une nouvelle étape.

Nous retrouvons Gaëtan Pichonnat le même individu qui avait été interpellé lors du rassemblement des fêtes de Jeanne d’Arc de cette année parce qu’il était porteur d’une croix gammée.

Le militant néonazi défilant avec un drapeau royaliste au milieu des ses camarades

Il avait aussi été impliqué lors d’une rixe à Tours pendant les manifestations antipass contre des militants de gauche et Gj
Il était aujourd’hui présent à Orléans et porteur du drapeau intégriste catholique et royaliste.

Le tatouage sans équivoque qui avait conduit Gaëtan en garde à vue

Manif du 18 septembre 2021:
Croix gammée aux fêtes de Jeanne d’Arc: