La réalité du projet Le Pen : des mesures antisociales, racistes et autoritaires!

Le Pen n’a jamais été aussi proche d’atteindre, le 24 avril, la plus haute marche des institutions de la V° République. Elle peut compter sur le soutien de Zemmour, de ses partisans, d’une partie de la droite et sur un nouveau vote de rejet de Macron.
Celles et ceux qui seraient tentés de voter au deuxième tour pour la candidate FN/RN afin de sanctionner la politique anti-sociale de Macron, notamment avec le slogan suicidaire et dangereux « tout sauf Macron » :
-Savent-ils qu’ils vont faire le choix d’une gouvernance basée sur le mensonge, la peur et la haine qui alimentent racisme, sexisme, homophobie et xénophobie ?
-Savent-ils qu’ils vont donner encore plus de pouvoir au MEDEF, au CAC 40, aux milliardaires, aux fonds de pension, aux assurances privées et aux conservateurs de tout poil ?
Avec l’extrême-droite, comme avec la droite, l’ultra-libéralisme serait tout autant aux commandes.
Les annonces répétées de Le Pen sur le pouvoir d’achat des Français.es sont mensongères.
Son programme en est à l’opposé : suppression de certaines cotisations sociales qui aura surtout pour conséquence la destruction de la Sécurité Sociale en laissant la place belle aux assurances privées ; propositions marginales et en trompe-l’œil comme la suppression de la redevance audiovisuelle, la baisse de la TVA sur les énergies, la baisse des péages autoroutiers… mais la réalité est que le FN/RN est viscéralement opposé à toute augmentation du SMIC et des minimas sociaux !
Son programme est également anti-social : retraite à 67 ans à taux plein pour la majorité des travailleur.ses, fin annoncée des 35h, menaces sur les instances représentatives des personnels.
Pour les femmes, menaces sur le droit à l’IVG, encouragement pécuniaire à « rester à la maison » et à faire des enfants ; menaces sur le Mariage pour toutes et tous, sur la PMA pour les couples non hétérosexuels, et fin de l’objectif de parité.
Pour les syndicats et les syndicalistes, un projet tout spécial est prévu. Le Pen l’a annoncé dans son discours le soir du 10 avril : « nous allons réconcilier le travail et le capital ».
Par ces mots, Marine le Pen s’inspire directement de l’idéologie fasciste historique, dont on peut retrouver le fondement, par exemple, dans la Charte du Travail de Mussolini.
L’extrême droite au pouvoir se donnera tous les moyens d’y rester :
-En laminant toutes les oppositions et les militant.es
-En modifiant les institutions pour les mettre à sa botte
L’inscription de la « priorité nationale » dans la Constitution verrait naître une société où le racisme serait légalisé et institutionnalisé à tous les étages de la société (éducation, santé, logement, emploi, justice…).
Ce serait aussi la porte grande ouverte au harcèlement des jeunes dans les quartiers pauvres par une police gangrenée par l’extrême droite et qui serait désormais protégée par la « présomption de légitime défense ».
Les « bavures » se multiplieraient partout! Dans nos villes et dans nos lieux de luttes, l’impunité des violences policières deviendrait systématique.
Ce serait ensuite la multiplication des agressions antisémites, islamophobes, contre des locaux associatifs et syndicaux et leurs militant.es, comme nous en avons déjà trop vu depuis plusieurs mois.
On peut s’attendre au pire de la part de groupuscules fascistes, qui dans le sillage du FN/RN, se croient déjà tout permis comme le prouve le récent assassinat du rugbyman argentin de Biarritz, Federico Martin Aramburu.
Le 24 avril 2022, la politique du pire n’est pas une option !
Pas une voix pour le FN/RN !

Face à l’irresponsabilité, l’autodéfense sanitaire collective !

Ce mois ci nous souhaitons vous partager notre réflexion autour de la crise sanitaire.
Etat des lieux et mesures immédiates

– Les irresponsabilités multiples

Le 11 février 2022 le gouvernement a annoncé vouloir lever l’obligation du port du masque en intérieur à partir de la mi-mars. Les lieux à forte contagiosité telles que les discothèques ont déjà rouverts sans aucun port de masque depuis le 16 février. Depuis le 28 février une nouvelle politique de dépistage consiste à tester les cas contacts une seule fois dans les 48h après avoir reçu l’information. Or avec la période d’incubation de 72h, les tests de dépistage sont réalisés beaucoup trop tôt. Cela aura pour conséquence de favoriser l’épidémie au nom d’objectifs économiques. A travers l’Europe, on observe la même tendance de suppression progressive des mesures de protection : fin de la période d’isolement pour les personnes contaminées au Royaume-Uni, arrêt de toutes les mesures sanitaires au Danemark, suppression des périodes de quarantaine etc..
Le gouvernement français déclare faire appel à l’intelligence collective alors qu’il mise en réalité encore une fois sur la responsabilisation individuelle. Ici, on peut par exemple facilement prédire que seules les personnes sensibilisées au phénomène de la transmission aéroportées du virus continueront de porter le masque. Comme aucune véritable campagne d’information n’a été réalisée à ce sujet il est très probable que cette pratique devienne rapidement minoritaire. Les effets de la préannonce poussent d’ailleurs déjà certaines personnes à retirer leur masque en intérieur. Le gouvernement veut utiliser l’arrêt de l’obligation du port du masque comme un argument destiné à promouvoir la campagne non officielle d’Emmanuel Macron. Par cet effet d’annonce, celui-ci tente certainement de diffuser l’illusion d’une victoire face à l’épidémie. Évidemment il n’en est rien.
Dans le même temps, l’actualité médiatique et des réseaux sociaux fait la part belle aux antivax dont certains nient la réalité de la pandémie. Peu de médias relaient la problématique des COVID longs pourtant sources de beaucoup de souffrances et de problèmes de santé. Les appels à la « liberté » se répètent tous les samedis, et avec eux la négation de la réalité épidémique comme de la fragilité des personnes vulnérables. Les malades de covids longs ne sont ni reconnus par les militants antivax, ni même par l’état ; ils ne bénéficient pas du statut d’Affection Longue Durée (ALD) qui leur permettrait de voir leurs soins remboursés par la Sécurité Sociale. Certain.e.s ne peuvent reprendre leur activité professionnelle et sont en grande difficulté sociale.
Cette réalité pourtant démontrée par des associations de malades ne fait pas la une des journaux. Ces personnes sont aujourd’hui les principales victimes de ce lâcher prise du gouvernement ; elle sont aussi les oubliées des « défenseurs des libertés ».
On observe donc, de fait une convergence idéologique entre les antivax, les antipass, et le gouvernement : malheur aux faibles dont le corps n’a pas su résister à la maladie, malheur aux non vaccinés, malheur aux immunodéprimés.
Chez les antivax, le culte du corps « sain supérieur » capable de vaincre la maladie est très répandu ; tandis que le gouvernement idéalise la vaccination comme une sorte de panacée. Les deux se retrouvent dans une tradition eugéniste où seuls les plus forts survivent. Les deux tombent dans deux formes de négationnismes des mesures sanitaires.
C’est un point de convergence idéologique entre le gouvernement et les antivax militants.
Le premier privilégie le retour au travail comme principal objectif, ce qui exclut les plus faibles.
les seconds mettent en avant la domination des plus forts c’est à dire les « alphas », les éveillés.
L’extrême droite très à l’aise avec cette idéologie suprémaciste est comme un requin dans l’eau au sein du milieu antivax. Qu’elle soit identitaire ou new-age, elle essentialise la nature et le corps. Ses revendications la rapprochent des gouvernements : ils veulent communément le retour au travail, minimisent l’épidémie, favorisent par leurs volontés politiques les contaminations.
Hélas ces convergences idéologiques ne sont pas perçues par une partie du mouvement social qui croyant voir « le peuple » au sein de ces mouvements, se rapproche de l’extrême droite, et valide aussi la résignation gouvernementale.

– La situation sanitaire actuelle

Heureusement la vaccination nous protège très efficacement contre le covid et ses divers variants connus. Par rapport aux non-vaccinés et sur le variant omicron, une vaccination à jour réduit de 80% les probabilités de contracter le covid, de 95% les probabilités d’aller en réanimation, de 66% d’avoir un covid long.
Les effets secondaires sont négligeables, les seuls cas graves étant des allergies et sur des personnes ayant préalablement des pathologies cardiaques, c’est pourquoi elles sont très suivies et les doses adaptées. Il n’y a pas d’effet à long terme, les vaccins à ARN messagers se dégradent en quelques jours. Ainsi nous encourageons chacun à se vacciner, pour se protéger soi-même, et indirectement les autres en réduisant les probabilité d’aller en réanimation et de participer aux surchages hospitalières.
Concernant le variant actuel, omicron, est moins grave certes mais il est terriblement plus contagieux. Il y a eu autant de morts en France entre le 5 août 2021 et le 31 décembre 2021 (environ 6 mois) qu’entre le 1 janvier 2022 et le 15 février 2022 (soit 6 semaines).
La valeur absolue des personnes touchées par des complications est donc bien plus élevée avec le variant omicron BA.1 malgré sa plus faible dangerosité.
À titre d’exemple, au plus fort de la vague delta nous avions 100 000 cas par jour avec un taux de covid longs aux environs de 30% soit 30 000 cas de covid longs (avec des effets d’au moins 5 semaines) ; tandis qu’au plus fort de la vague d’omicron BA.1 il y a eu 500 000 cas par jour avec un taux de covid longs de 10% (soit 50 000 cas par jours, presque 2 fois plus).
Les covidd-longs sont un ensemble de symptômes dont les plus fréquents sont l’asthénie (une fatigue très anormale) et une dyspnée (essoufflement). Mais ils peuvent être également accompagnés par des céphalées (mal de tête), une parésie (faiblesse musculaire), une anosmie (perte d’odorat), une agueusie (perte du goût) ou une obnubilation ou « brain fog » (pouvant traduire des dysfonctionnements cognitifs).
Pour le variant delta, 30% des personnes non vaccinées développent des symptômes après 5 semaines, 10% sur plus de 12 semaines, et 1% sur plus d’un an.
Les vaccins réduisent des deux-tiers les chances d’avoir des symptômes long, tout en réduisant les chances de contracter le covid.

Le covid long a de très nombreux symptômes

Différentes études, comme les déclarations de plusieurs responsables scientifiques (dont la présidente de l’ARS) estiment à 2 millions le nombre de personnes atteintes. Ces nouveaux covids longs s’ajoutent aux milliers de personnes qui ont toujours des symptômes des précédentes vagues (certaines même depuis deux ans).
Aujourd’hui, même si les services de réanimations ne sont plus en saturation, il y a actuellement au 22 février environ 200 personnes par jour qui meurent du covid. Toutes ces personnes meurent de la même chose. Ce nombre correspond au crash d’un avion de ligne Paris-Berlin tous les jours en France. Omicron n’est pas bénin.
Ainsi malgré la baisse du variant omicron BA.1 depuis le pic début février, le sous-variant omicron BA.2, une souche soeur d’omicron BA.1, progresse toujours et double sa présence toutes les semaines et deviendra majoritaire en France d’ici mi-mars.
L’efficacité des vaccins actuels est identique face à BA.2 que face à BA.1, tout comme sa propension à l’hospitalisation, mais on observe une hausse d’environ 40% d’infectiosité du variant BA.2 face à BA.1, et une résistance croisée très faible.
Ainsi les personnes ayant contracté omicron BA.1 seront très faiblement protégées face à BA.2. Une 6ème vague avec BA.2 est déjà prévisible.
Pire encore, plus il y a d’infections, plus les chances de mutations aléatoires sur les virus peuvent advenir, mutations pouvant être sans importance, comme potentiellement plus infectieuse ou « agressives ». Ainsi au Danemark, territoire ayant été balayé par omicron BA.2, on observe actuellement un autre variant de BA.2, encore nommé « H78Y », 30% plus infectieux.

– Que faire maintenant?

Les épidémies de covid ne s’arrêteront pas d’elles mêmes, et rien ne pousse à croire qu’elles s’atténueront dans leur gravité.
Puisque les gouvernements ont abandonné cette lutte, abandonné les personnes souffrant de covid long, abandonné les immunodéprimé.e.s, abandonné les travailleurs et travailleuses, et maintenant nous encourage à abandonner les masques ; nous vous appelons à ne pas suivre cette autorisation.
Le masque est la défense la plus simple à mettre en place, c’est protéger les personnes âgées, en immunodépression ou à risques. C’est réduire la propagation de l’épidémie et donc améliorer le retour de leur vie sociale, là où l’autoconfinement depuis deux ans pèse sur leur moral et leur isolement. Abandonner le masque c’est contraindre les 20 millions de personnes en France avec des comorbidités à risquer des complications de santé.
La transmission du virus se fait quasi-exclusivement par voie aéroportée. Les personnes infectées expirent par la respiration des microgouttelettes de salive de 1 µm à 100 µm lesquelles contenant du virus.
A la différence des postillons plus gros tombant au sol par gravité, ces microgouttelettes restent en suspension dans l’air à la manière d’une fumée de cigarette ou de l’air expiré en hiver. Les masques permettent de stopper en très grande partie ces microgouttelettes, à condition d’être correctement ajusté, donc bien sur le nez, et sans espaces sur les cotés ou le dessus. Ainsi les visières et autres vitres en plexiglas sont inutiles.
Les masques en tissu non renforcés par des filtres homologués sont inefficaces face aux microgouttelettes et sont à proscrire.
Les FFP1 (les masques chirurgicaux bleus) sont faiblement protecteurs pour soi et les autres du fait des larges trous sur les cotés. Les seuls masques réellement efficaces sont les FFP2 ou les plus rares KF94 (dits « masques coréens », ayant l’avantage d’être moins chers que les FFP2).

Le type de masque influence grandement la protection offerte…

Tous ces masques sont lavables autant de fois que leur solidité le permet et il est tout à fait sûr de porter les mêmes masques non-lavés un jour sur l’autre si vous les laissez deux nuits dans un endroit sec et aéré ; le virus étant très fragile hors de l’eau. Lavez vos masques quand ils sentent mauvais, jetez les lorsqu’ils cassent, évitez de faire un trou à votre masque. Vous pouvez aussi utiliser des barrettes en plastique pour maintenir les sangles derrière la nuque, veillez bien à ce que l’air expiré ne s’échappe pas sur les bords du masque.
Le mois prochain nous traiterons exclusivement des méthodes à mettre en place pour organiser notre protection. En attendant, ajustez bien vos masques, restez solidaires, protégez-vous du gouvernement.

Retour sur les mobilisations antifascistes du 5 décembre 2021

Alors que la mobilisation antifasciste du 27 novembre a été une véritable démonstration de force de notre camp, les actions et mobilisations du 5 décembre nous laissent un goût amer.
À Villepinte, 300 antifascistes ont tenté de se réunir pour bloquer le meeting de Zemmour.
Iels ont dû faire face à un dispositif policier brutal et disproportionné visiblement mis en place pour protéger des militants fascistes (Zouaves, AF…) qui étaient prêts à en découdre, galvanisés par leur impunité.
20 kilomètres plus loin, à Paris, la manifestation qui avait pour objectif de massifier par ses 64 signatures n’était finalement composée que de 3000 camarades.
Le défilé s’est déroulé sans encombres par contraste avec les violences policières et fascistes que subissaient dans le même temps les personnes présentes sur Villepinte.
Au final et de manière assez inattendue ce sont les militant.e.s de SOS racisme réuni.es pour une action à l’intérieur de la salle du meeting de Z qui auront véritablement marqué les esprits ce dimanche là.
Notre camp n’a pas réussi à mettre en acte la « complémentarité des luttes » qui devait en partie justifier l’existence de cette double mobilisation.
Nous retenons que de multiples signatures ne peuvent pas suffire à garantir un grand nombre de manifestants et qu’elles n’engagent pas non plus la réussite de nos actions politiques.
Nous ne voulons pas que notre antifascisme soit circonscrit à la campagne d’Éric Zemmour ou qu’il serve de caution au « front républicain » qui est organisé dans le cadre des présidentielles par nos adversaires politiques.
Nous voulons et nous agissons pour qu’une opposition large se mette en place contre toutes les formes que peut prendre l’extrême droite aujourd’hui et notamment contre celle qui est déjà au pouvoir. N’oublions pas que se réalise déjà au plan national et mondial la répression et l’exploitation des minorités. N’oublions pas non plus qu’en France les gouvernements qui se succèdent utilisent et favorisent les candidats comme Z ou Le Pen afin de se maintenir à la tête de l’Etat.
Si nos luttes ne doivent pas laisser de côté la nécessité d’inclure nos diversités militantes elles ne doivent pas non plus oublier la temporalité des événements liés aux présidentielles. Il nous faut trouver un rythme de mobilisations qui permette à chacun.e de pouvoir agir.
Aussi il nous semble important de réussir à nous montrer présent.es directement, face au fascisme, partout où il se présentera.
Le temps presse pour accorder et affûter nos stratégies !

Une écologie réactionnaire comme point d’ancrage aux manifs antivax/antipass?

Comme d’autres thèmes politiques, l’écologie n’échappe pas à une réappropriation par les forces d’extrême droite.
Nous faisons l’hypothèse qu’une écologie réactionnaire parvient aujourd’hui lors des manifs antipass et antivax du samedi à réunir des groupes en apparence assez hétérogènes voire opposés, tels que les écologistes de gauche Colibris, jusqu’à l’Action Française en passant par Réinfo Covid.

Ce courant de pensée agit comme un dénominateur commun à la présence de ces groupes.
Les différentes idéologies qu’il charrie participent toutes au renforcement actuel de l’extrême droite.
Elles se diffusent de manière assez insidieuse en reprenant des thèmes et des mots de la gauche, mais en y inscrivant des signifiants réactionnaires.

Ainsi des idées racistes, essentialistes, conservatrices, autoritaires peuvent s’imposer dans les discours sous des apparences progressistes légitimes.
L’extrême droite détourne des mots classiquement mobilisés par la gauche et entretient, plus ou moins consciemment, des imprécisions et des ambiguïtés à leur sujet.


« Le local »

Il s’agit d’un thème écologiste qu’on rencontre très fréquemment.

Pour l’extrême droite, la localité renvoie principalement à la notion de nationalisme.

Cette notion est beaucoup mobilisée par des groupes comme l’Action Française. Chez eux elle se définit dans une approche fascisante avec Maurras et Pétain.

De manière plus générale, la consommation de produits locaux est encouragée pour assurer un protectionnisme économique et culturel.

Elle permet de préserver une tradition régionale ou française fantasmée.


« Le Peuple, Apolitiques et Citoyens »

Les thèmes de l’apolitisme et de la citoyenneté connaissent beaucoup de succès notamment depuis les révoltes des gilets jaunes. Ils ont tout à la fois été critiqués et mis en avant au cours de leur mouvement.

On les voit aujourd’hui ressurgir chez des groupes confusionnistes tels que Réinfo Covid. Ils sont aussi décrits dans les corpus idéologiques de « l’écologie intégrale » (qui est une branche de l’écologie réactionnaire).
Sur Orléans un groupe rassemble actuellement la majorité des manifestants antipass sous une bannière qui utilise l’ensemble de ces termes.

« L’apolitisme » est surtout utilisé pour imposer l’union obligatoire avec toutes les forces même les plus réactionnaires, sous l’argument de « nous sommes tous.tes des citoyenn.es » ou « nous sommes tous.tes des humain.es » et « peu importe la politique».

Il est étroitement lié à l’injonction de « ne pas diviser ».

Ces thèmes s’appuient sur une définition approximative et fantasmée du « peuple » qui est abordé comme un agglomérat d’individus dont les intérêts seraient homogènes (sans clivages sociaux de classes, de genres ou de races par exemple). Dans cette perspective le peuple serait nécessairement et même « naturellement » unifié.

Ce champ lexical autour de l’apolitisme permet aux groupes qui l’utilisent de ne jamais définir clairement leurs positions politiques et ce qu’elles impliquent concrètement. Il est donc l’objet d’une réappropriation par plusieurs groupes d’extrême droite dans le cadre de leur stratégie confusionniste.

Par exemple l’utilisation dans les manifs anti pass de symboles tels que l’étoile jaune, les références aux personnes malades du sida, à l’apartheid, au viol…etc permettent de brouiller les repères politiques et historiques liés à tous ces phénomènes et événements. L’extrême droite procède depuis longtemps à des retournements et à des falsifications historiques qui l’aident à construire des récits mensongers où les rôles sont souvent inversés.

Si les références au nazisme et aux juifs sont sans doute parmi les plus fréquemment exposées cela n’a rien d’accidentel. Elles alimentent un antisémitisme qui est un point central pour un grand nombre de ces courants politiques.


« Le petit… producteur, petit patron »

Les groupes d’extrême droite choisissent souvent cet angle pour critiquer faussement le capitalisme.

Il y a ici une focalisation sur la taille de l’entreprise (l’entreprise est en fait associée au patron) qui permet de mettre au second plan, voire d’effacer les principes fondamentaux du système capitaliste.

L’extrême droite ne parle pas d’exploitation capitaliste, de propriété lucrative ou de hiérarchie patron/employé. Elle préfère utiliser une approche morale où les petits seraient du côté du « bien » et les gros du côté du « mal ».

On sait pourtant qu’un patron, même petit, tire profit de la force de travail de ses employés, détient un pouvoir supplémentaire lié à son statut, possède (au moins une partie) des moyens de productions.

Le camp réactionnaire n’a en réalité aucun intérêt à porter une véritable critique du capitalisme notamment parce qu’il ne souhaite pas son abolition mais aussi parce qu’il ne peut pas mettre en cause la petite bourgeoisie (les petits patrons) qui constitue une grande partie de son électorat potentiel.

Cette opposition de principe « gros/petit » n’est pas spécifique à l’extrême droite. Elle est aussi mobilisée par des partis de gauche dans une approche anti-néolibérale (qui n’est pas non plus anticapitaliste).

Nous allons voir que l’extrême droite utilise de manière vraiment caractéristique ce cadre moral pour avancer des idées nationalistes et antisémites.


« Les élites, la finance, la mondialisation »

Tous ces termes sont au croisement de plusieurs questions déjà abordées (la localité, les « petits, l’antisémitisme) ce qui explique qu’on les rencontre très fréquemment dans les discours d’extrême droite.

Quand elle mobilise ces mots, l’extrême droite parle en réalité de beaucoup de choses à la fois.
Ils ont pour elle un double intérêt stratégique : ils appartiennent aussi au lexique de la gauche ce qui lui permet d’entretenir des confusions à leur sujet.

Dans l’ensemble, on retrouve la critique mensongère et faussée du capitalisme décrite plus haut.
Toujours dans une approche essentiellement morale, ici c’est l’élite qui est opposée au peuple, comme les 1% face aux 99%.

L’extrême droite se focalise très souvent sur des figures spécifiques, parmi lesquelles beaucoup de figures juives, « franc maçonnes » qui détiendraient le pouvoir de « la finance ». On retrouve ici le lexique traditionnel de l’antisémitisme où les juifs sont associés à un complot mondialement organisé. Le slogan « QUI ? » dans les manifs antipass en est une de ses illustrations les plus récentes.

La critique plus globale du « système » s’appuie sur la notion de « mondialisation ».

Pour l’extrême droite, la mondialisation menacerait la nation. Elle oppose en quelque sorte les deux termes.
La mondialisation est jugée dangereuse pour l’intégrité culturelle, identitaire, ethnique et économique de la France.

Elle sert de justification à l’existence et au renforcement toujours plus impérieux des frontières.


« Si c’est naturel, c’est bien »

La mise en place d’une hiérarchie de principe entre ce qui est naturel et ce qui est « artificiel » est un des éléments les plus importants de l’écologie d’extrême droite.

Dans l’écologie intégrale la nature est souvent sacralisée. Elle est aussi appréhendée comme une entité à conserver, à maintenir dans un état originel fantasmé.

Les approches centrées sur le naturel rencontrent aujourd’hui un succès très important malgré toutes les impasses évidentes qu’elles peuvent susciter.

Par exemple même si l’arsenic et le cyanure sont naturels ils ne sont pas pour autant bons pour notre vie. Si le viol ou le « meurtre » à l’intérieur d’une espèce existent dans la nature, ce n’est pas une justification à ce qu’on les accepte, ou même à ce qu’on les défende dans notre vie sociale.

Nous allons voir que l’écologie d’extrême droite profite de cet engouement pour « la nature » et développe à partir d’elle tout un ensemble de positions politiques conservatrices.


« C’est normal, la nature l’a voulu ainsi »

La première concerne l’imposition de normes sociales « traditionnelles ».

L’extrême droite utilise un procédé de naturalisation de certaines pratiques sociales pour les rendre normales, obligatoires ou indépassables.

Par exemple la sexualité humaine est systématiquement renvoyée à sa fonction dite « naturelle » (c’est à dire essentiellement dirigée vers la procréation) ; les questions de genres (masculin/féminin) tentent d’être fondées sur des données biologiques qui les détermineraient intégralement (« les femmes » sont en règle générale réduites à leurs fonctions reproductrices).

Cette approche permet d’établir des hiérarchies entre ce qui serait « plus naturel » donc « plus normal » et ce qui serait « moins naturel » donc « moins normal ».

Beaucoup de techniques et de pratiques sont mieux disqualifiées en étant associées au « transhumanisme ». Il s’agit d’un épouvantail assez classique des groupes complotistes et écologistes de droite actuellement.

L’écologie réactionnaire s’oppose par exemple, de manière assez consensuelle, à la PMA, à la GPA, au mariage homosexuel ou au droit à l’avortement qui sont associées à des institutions déviantes et éloignées de notre « vraie nature » (cf Pierre Rabhi, Louis Fouché).

La naturalisation est en fait une stratégie de dépolitisation.
Elle essaie de nier le plus possible la dimension sociale (donc potentiellement politique) d’un ensemble de pratiques et d’institutions humaines et plus particulièrement de celles qui sont liées au genre ou à la sexualité.

Comme pour la nature, ces pratiques prennent un caractère tout à la fois sacré et inaccessible et ne peuvent, dès lors, plus être discutées ou transformées.
Nous voyons que l’objectif politique est ici foncièrement conservateur.


« Développez vos propres défenses naturelles et évitez les vaccins, les produits « chimiques »»

Ce mantra a été rendu particulièrement célèbre par les mobilisations antipass sanitaires et anti vaccination. Il fait écho à plusieurs idéologies développées dans l’écologie intégrale.

On retrouve tout le champ du développement personnel qui est adossé à la notion de mérite.

Les individus sont appelés à agir le plus naturellement possible sur leur corps dont ils seraient intégralement responsables (par des exercices physiques, spirituels, ou par l’alimentation).
Les questions de contexte et de normes sociales qui sont pourtant déterminantes pour notre santé ne sont généralement pas prises en compte (notamment l’influence de la production sur la consommation, les inégalités sociales dans l’accès aux soins, à la santé et à l’alimentation).

Il y a aussi l’idée du corps comme création divine liée à la nature sur laquelle il serait dangereux d’intervenir.
On retrouve ici la position des chrétiens bioconservateurs décrite plus haut où le corps « naturel » est sacralisé. Nous avons vu qu’elle justifiait leur opposition à la PMA, à la GPA, ou à la contraception (qui sont jugées comme des techniques et pratiques sociales « contre nature »).

Ces approches idéologiques peuvent êtres mêlées à une sorte de darwinisme ou de loi de « sélection naturelle » dans laquelle ce sont les corps les plus forts, les mieux entretenus par des moyens dits « naturels » qui mériteraient de survivre.

Avec le covid 19, l’extrême droite trouve donc un terrain favorable pour se développer.

Son approche de l’écologie permet d’exacerber des inquiétudes souvent compréhensibles et légitimes puis d’apporter des arguments et des schémas de pensée pour les étayer.

Avec elle, dans le contexte d’une pandémie mortelle, la vaccination peut tout à la fois être associée à du « transhumanisme », à une « menace de la mondialisation » pour ensuite être renvoyée à une question de choix purement individuel.

Les individus revendiquent ainsi une « liberté » où ils seraient seuls responsables, seuls décideurs d’une question qui implique pourtant la collectivité dans son ensemble. Cette revendication a d’autant plus de force qu’elle s’appuie sur un système de valeurs où le naturel est sacralisé et où tout « en dehors » aux frontières nationales (d’où provient le vaccin) apparaît menaçant.

Nous voyons que la dualité nationalisme/mondialisation est là encore utilisée de manière centrale, pour donner un cadre moral au débat politique.


CONCLUSION

Nous avons essayé de synthétiser les positions propres à l’écologie réactionnaire en présentant les arguments les plus ambigus et les lignes politiques les plus fréquemment diffusées actuellement.

Cette liste n’est pas exhaustive. Elle a pour but de clarifier les différences entre un discours anticapitaliste et écologique de gauche et un discours marqué à droite.

Nous voyons que l’extrême droite progresse actuellement en brouillant les repères politiques, en donnant à des mots en apparence assez anodins ou même en apparence marqués à gauche des signifiants réactionnaires.
Grâce à cette stratégie que nous qualifions de « confusionniste » elle parvient aujourd’hui à réunir un grand nombre de personnes et de groupes, à imposer ses mots d’ordre et tout un champ lexical, aussi à diffuser insidieusement ses idéologies.

Il existe bien sûr, comme dans tout champ politique, des clivages internes et des effets d’échelle.
Tous les groupes, toutes les idéologies ne peuvent pas être mises au même niveau de radicalité.

Par exemple, les objectifs fascistes sont centraux et assez explicitement affichés chez l’Action Française quand ils sont beaucoup moins mis en avant dans la branche Reinfo Covid (qui insistent plus de leur côté sur les notions d’apolitisme ou de citoyenneté).

Il n’y a pas non plus d’homogénéité parfaite à l’intérieur du champ : certaines positions politiques peuvent parfois se contredire entre elles.
C’est notamment le cas pour la revendication de liberté.
Quand des personnes affiliées à Réinfocovid ou aux colibris chantent la liberté individuelle, les groupes royalistes les plus radicaux font plutôt référence à la liberté de la nation (face à laquelle la liberté des individus a en réalité peu de valeur).

Les clivages n’empêchent pas l’union de toutes ces forces.
Ce n’est d’ailleurs pas anodin qu’elles aient fait de l’injonction à « ne pas diviser » un mot d’ordre essentiel et incontournable au sein des mobilisations actuelles.

Il est très important pour nous de ne pas rester impuissants face à l’extrême droite et à toutes les formes qu’elle peut prendre aujourd’hui. Plus particulièrement quand elle s’empare de sujets comme l’écologie qui étendent beaucoup ses moyens d’action.

Cela peut passer par une éducation collective aux mots, symboles et stratégies qu’elle utilise : pour apprendre à les repérer, comprendre leurs origines et pour ne pas alimenter « malgré nous » leur diffusion.


Références : https://www.liberation.fr/debats/2019/05/05/les-droites-dures-s-enracinent-dans-l-ecologie-integrale_1725128/
https://www.liberation.fr/france/2020/05/19/le-localisme-est-une-maniere-de-s-adapter-a-la-demande-electorale_1788879/
https://lahorde.samizdat.net/Qui-sont-les-animateurs-de-Reinfocovid
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/04/ecologie-integrale-ecofascisme-une-histoire-des-ecologies-identitaires_6014144_3232.html
https://revue.alarmer.org/le-discours-victimaire-de-lextreme-droite-en-france-depuis-1945/